Le portail roman de la cathédrale d'Oloron Ste Marie, les mosaïques de la villa Gallo-romaine de Sordes et des textes anciens de l'Abbaye de Sordes, attestent de la présence et de l'abondance du saumon dans le Gave d'Oloron. Cette présence est inscrite dans la mémoire collective du Béarn et tout particulièrement de NAVARRENX qui fut et demeure une cité dont la vie est intimement liée au saumon et à sa pêche à travers les âges.
A Navarrenx, se situait, jusqu'en 1927, un des pièges à saumons, le BARAU, particulièrement productif ; à Navarrenx le barrage du moulin construit au XIIIème siècle fut le premier à être doté, entre les deux guerres mondiales, d'une passe à poissons permettant aux saumons de franchir l'obstacle. A Navarrenx, également, sur ce même barrage MASSEYS, a été aménagé en 2011, sur une nouvelle passe à poissons, un dispositif de visualisation et de comptage des poissons migrateurs, particulièrement performant.
La capture et le commerce du saumon, florissants avant la révolution, se sont poursuivis bien après (le BARAU ne fut démantelé qu'en 1927).
Entre les deux guerres mondiales se situe l'âge d'or de la pêche du saumon à la ligne, qui attirait de nombreux touristes étrangers et fut à l'origine de l'installation en Béarn et à Navarrenx de plusieurs familles anglaises.
Après la deuxième guerre mondiale et dans les années soixante, le Gave d'Oloron était devenu l'un des hauts lieux de cette pêche. On capturait alors, selon les années, entre 1000 et 3000 saumons à la ligne. Le Pool MASSEYS, à l'aval du barrage déjà cité, était un des sites favoris des pêcheurs. C'est à cette époque, qu'un groupe de bénévoles, animateurs du Syndicat d'Initiative de Navarrenx, créa, avec l'appui de la municipalité, le championnat du monde de pêche au saumon, qui connut un grand retentissement et contribua à porter haut et loin la renommée du Saumon, du Gave d'Oloron et de Navarrenx. Les Syndicats d'Initiatives de Sauveterre de Béarn et de Salies de Béarn, s'associèrent très vite à cette démarche et pendant plusieurs années, les rives du Gave connurent une notoriété sans précédent.
Le déclin a commencé dans les années 70 avec la découverte des aires d'engraissement du saumon dans l'océan Arctique. Pendant longtemps, on ignorait la destination des saumons en mer. Les pêcheurs, grâce aux progrès du matériel (sonar en particulier), ont apporté la réponse : deux aires principales de croissance ont été découvertes ; le détroit de Davis (entre le Groenland et le continent Américain), et les iles Féroé.
Grâce aux marquages de smolts (jeunes saumons de 2 ans dévalant vers l'océan), de 1969 à 1973, effectués à SORDES et exploités par la station d'hydrobiologie de Biarritz, il a été prouvé que les saumons du bassin de l'Adour sont repris à des distances de 3700 à 4500kms de l'estuaire de ce fleuve (Groenland et iles Féroé).
Il est donc avéré que la pêche sur les zones d'engraissement est l'un des éléments du déclin de la présence, et donc des captures, du saumon en rivière. C'est certainement le plus grave.
Un autre facteur du déclin de l'espèce, est la capture des saumons aux filets " maillants dérivants ", le long de nos côtes et dans l'estuaire.